Précarité menstruelle en France : que nous révèle t-elle de l’ampleur des inégalités ?

Le 28 mai dernier se tenait la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, l’occasion de rappeler en quelques chiffres l’ampleur de la précarité menstruelle pour les femmes en France. Mais ces chiffres masquent une réalité bien plus complexe, affectant toutes les dimensions de la vie de plusieurs milliers de femmes. 

Le point sur cet enjeu à la croisée des inégalités. 

La précarité menstruelle, conséquence d’inégalités déjà existantes.  

Définie par le Fonds des Nations Unies pour la Population comme l’ensemble des « difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus »¹, le terme renvoie aussi à une inégalité fondamentale entre les hommes et les femmes. En effet, les menstruations pèsent sur le budget de ces dernières. Des charges financières que n’ont pas à supporter leurs homologues masculins. Loin d’être un phénomène isolé, ce sont cette année 2,9 millions de femmes²  qui manquent régulièrement de protections menstruelles en France, soit 1 femme menstruée sur 5. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis 2019. 

Mais qu’en est-il vraiment au-delà des chiffres ?    

Le sujet renvoie donc à une première inégalité liée au genre, puisqu’il concerne un public exclusivement féminin. Il concerne par ailleurs une partie de la population économiquement fragilisée, laquelle est parfois contrainte d’arbitrer entre alimentation et protections menstruelles. Dans les faits, il s’agit souvent de catégories de la population vulnérables du fait de leur milieu social et/ou culturel. De ce fait, l’incapacité à se procurer des protections menstruelles les excluent davantage. La précarité menstruelle apparaît alors comme le dernier maillon de la chaîne, à l’image de la faible importance accordée au sujet des menstruations de manière générale. Son ampleur est pourtant un enjeu de santé publique qui ne se contente pas de mettre en évidence les inégalités précédemment énoncées : par ses conséquences sur la santé et le bien-être général, elle entretient ces inégalités.   


Les impacts de la précarité menstruelle : facteur d’aggravation des inégalités.  


La précarité menstruelle a de graves conséquences sur les plans physique, psychologique et social, enfermant certaines femmes dans la précarité au sens large et compromettant ainsi leurs chances d’en sortir.   

Dans le domaine de la santé physique, il a été démontré que le risque de syndrome de choc toxique est multiplié par deux lorsque le port de tampons ou coupes menstruelles est supérieur à six heures. Le risque est également multiplié par trois lors du port de dispositifs vaginaux pendant la nuit³. L’allongement de l’usage de protections menstruelles est pourtant le premier réflexe des personnes en situation de précarité menstruelle, ce qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’un simple problème d’hygiène. C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu l’OMS en 2022, en demandant que « la santé menstruelle soit reconnue, définie et traitée comme une question de santé et de droits humains, et non comme un problème d’hygiène »ouvrant ainsi la voie à sa reconnaissance comme enjeu sanitaire.  

La santé mentale et psychologique est, elle aussi, affectée. Dans la sphère professionnelle, près de 16%  des femmes ont déjà été amenées à manquer le travail ou un rendez-vous parce qu’elles n’avaient pas de protection, près d’une femme sur dixest régulièrement amenée à le faire. En 2021, le gouvernement révélait dans un communiqué de presse que 130  000 jeunes filles manquaient régulièrement les cours, par manque de protections périodiques en quantité suffisante . Plus récemment, une étude réalisée par Règles Elémentaires en partenariat avec la Fondation du football a montré que près de 40% des joueuses ont manqué un match à cause de leurs règles. Pas simplement à cause de la douleur mais aussi par peur de la tâche.  De manière générale, le renoncement à une sortie professionnelle ou personnelle par manque de protections hygiéniques tend à augmenter depuis 2019, les femmes préférant rester chez elle plutôt que d’être confrontées à des émotions négatives difficiles à vivre dans l’espace public (crainte de la tâche et du regard des autres, perte d’estime de soi, sentiment d’injustice etc.)  

Ce repli a par ailleurs des impacts financiers sur les personnes concernées, allant jusqu’à freiner leur montée en compétences dans de nombreux domaines. D’abord, leur absence sur le lieu de travail implique une perte de revenu directe qu’aucun motif ne permet à l’heure actuelle de justifier, sans compter que c’est souvent la honte et la peur d’être stigmatisées qui poussent ces femmes à s’absenter. Par ailleurs, lorsqu’elles se rendent au travail, les émotions négatives suscitées par la précarité menstruelle peuvent devenir obsessionnelles et perturber la bonne réalisation de leurs activités professionnelles, réduisant à long terme leurs chances d’obtenir une promotion. La précarité menstruelle constitue à cet égard un frein à l’évolution professionnelle, et donc à l’ascension sociale, ce que plusieurs ONGs ont compris en en faisant le fer de lance du combat pour la justice sociale


 

Mettre la précarité menstruelle au cœur des questions d’égalité et de justice sociale.

Sortir de la précarité menstruelle, c’est donc avant tout comprendre l’enjeu de santé publique, psychologique et physique, qu’elle représente pour les femmes. Par extension, c’est donc éradiquer le tabou autour des menstruations et déstigmatiser un phénomène naturel et universel qui touche 50% de la population mondiale. C’est aussi reconnaître que les menstruations constituent une inégalité biologique entre les hommes et les femmes, et que le combat pour l’égalité implique de compenser l’asymétrie des dépenses générées par cette situation. La part non négligeable que représentent les protections menstruelles dans le budget des femmes constitue à cet égard un « poids économique, sanitaire et symbolique » ,​ qu’il est important de rendre visible.

C’est donc bien un accès simplifié et gratuit à l’hygiène menstruelle qu’il convient de mettre en place, assortie d’actions de sensibilisation visant à réduire le tabou autour des règles et ainsi à éradiquer la honte vis-à-vis d’elles. Chez Dons Solidaires, nous nous engageons dans cette démarche, en distribuant des produits périodiques aux structures de solidarité de notre réseau et en développant des mesures de sensibilisation appropriées. 


Dons Solidaires, acteur essentiel de la lutte contre la précarité menstruelle.

En 2024, ce sont ainsi 5,75 millions de protections individuelles distribuées grâce à nos partenaires, et plus d’un million de mois de règles couverts pour les femmes en situation de précarité menstruelle. Ces produits sont collectés auprès d'entreprises partenaires soucieuses de s'engager dans une action solidaire et sont redistribués à des centaines d’associations partenaires qui accompagnent des femmes dans le besoin.    

En plus de cette aide matérielle, Dons Solidaires s'engage également pour renforcer la santé menstruelle et déconstruire les tabous associés aux menstruations. Nous accompagnons cette distribution d'actions de sensibilisation via le livret « On sang parle », et des ateliers animés par des experts 

Un grand merci à nos partenaires pour leur soutien financier, notamment la DGCS, la Fondation Carrefour, Ramdam Social ainsi qu’aux entreprises donatrices de produits telles qu’Always, Kenvue, Dim, Essity ou encore Juva Santé.

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Un article rédigé par Pauline Pied, bénévole pour l’association Dons Solidaires

Sources
¹ https://www.unfpa.org/fr/menstruations-questions-frequemment-posees#Qu’est-ce que la précarité menstruelle ?
²  Le 5ème baromètre"Hygiène & Précarité en France" - 2025, de Dons Solidaires par l'IFOP.
³Recherches du Centre International de Recherche en Infectiologie et du Centre National de Référence des Staphylocoques  sur : "la précarité menstruelle chez les étudiants de l’université de Caen Normandie", en 2023.
⁴   Le 5ème baromètre"Hygiène & Précarité en France" - 2025, de Dons Solidaires par l'IFOP.
ibid
Article du Gouvernement : "Le Gouvernement est pleinement engagé pour lutter contre la précarité menstruelle", publié le 28 mai 2025.
Enquête Règles Elémentaires "Stress, absentéisme, diminution des performances et persistance du tabou sont autant de raisons qui freinent la pratique du football" 2024.
⁸   Le 5ème baromètre"Hygiène & Précarité en France" - 2025, de Dons Solidaires par l'IFOP.
Etude “Le poids des règles en Europe” réalisée dans le cadre du mouvement #MenstrualMattersEU, en 2025.

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