En 2018, l’INSEE compte 17,7 millions d’enfants, adolescents et jeunes adultes de 3 à 24 ans en France. Parmi eux, 30 % vivent en milieu rural. De nombreuses études ont documenté les effets des conditions de vie sur l’éducation des plus jeunes. La précarité, elle, touche toutes les régions du pays. On peut toutefois se demander quelles sont les différences entre ces deux milieux, parfois très éloignés l’un de l’autre. Le lieu de vie façonne-t-il les inégalités scolaires ? Nous faisons le point.
Les élèves en milieu rural plus éloignés des infrastructures scolaires
Selon les chiffres de l’INSEE, les enfants vivant en ville ont plus de chances de vivre dans la même commune que leur école. En effet, seul 1 élève sur 10 se déplace en dehors de sa ville. En milieu rural, 3 enfants sur 10 se déplacent en dehors de leur village. Dans les communes rurales très éloignées, comme le milieu montagnard, ils sont jusqu’à 7 sur 10 !
Au collège, 8 collégiens ruraux sur 10 sont obligés de se déplacer, et quasiment tous ceux vivant en milieu très peu dense (96 %). En ville, ce chiffre est de 3 sur 10. La probabilité de vivre à proximité de son établissement scolaire s’amenuise encore plus au lycée. La quasi-totalité de tous les lycéens ruraux parcourent en moyenne 24 kilomètres pour se rendre au lycée !
Le bac en poche, ces jeunes étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études sont obligés de se rapprocher des grandes villes. Ils sont toutefois nombreux à privilégier des formations courtes (CAP, BTS, etc.) et par apprentissage. Cela s'explique plus par une envie de rester à proximité de leur lieu de naissance que par manque d’ambition.
Une offre éducative contrastée
Avec une densité de population plus forte, les écoles des métropoles comptent plus d’élèves que celles des bourgs. Les ruraux bénéficient donc d’un encadrement plus personnalisé, avec des enseignants plus présents et attentifs à leurs besoins. Le corps enseignant peut également détecter plus tôt et plus facilement les difficultés d’apprentissage.
© Dons Solidaires - Activités créatives autour de Noël au Centre social 13 pour Tous
L’ancrage territorial est également plus fort dans les régions moins peuplées. Les projets scolaires prennent plus souvent en compte le patrimoine régional et la diffusion des traditions locales. En Bretagne, par exemple, les écoles proposent des cours de langue bretonne. Ils sont aussi plus proches de la nature, et plus sensibles à la protection de la biodiversité, et ce, dès la petite enfance.
De leur côté, les jeunes citadins disposent de nombreuses infrastructures à proximité. Les plus sportifs peuvent facilement accéder aux gymnases, stades d’athlétisme, et bassins de natation. Les plus créatifs, eux, peuvent se rendre aux médiathèques, cinémas et musées quand ils le souhaitent. L’offre de sorties scolaires est donc plus riche et variée, mais aussi moins onéreuse.
Les enfants des villes plus exposés à la précarité
Les enfants qui vivent dans les communes très peuplées sont plus exposés à la pauvreté (23 % contre 13 % en milieu rural). Cette situation s’explique par une plus forte densité de population, mais aussi par des facteurs aggravants beaucoup plus présents en milieu urbain. En effet, dans les métropoles, on note une plus forte concentration de :
- Familles monoparentales ;
- Familles nombreuses ;
- Parents sans emploi ;
- Logements sociaux.
Le modèle familial « traditionnel » est plus fréquent en dehors des grandes villes, avec deux parents qui travaillent. En effet, 25,4 % des mineurs qui résident dans une commune urbaine habitent avec un seul de leurs parents, contre 16,4 % en campagne.
© Dons Solidaires - Distribution de kits scolaires en Seine Saint-Denis 2025
Les enfants de ruraux ont des conditions de vie et de logement plus favorables à l’apprentissage. 9 sur 10 ont leur propre chambre et vivent dans une maison avec un espace extérieur (jardin, terrain, cour). En ville, ils sont 7 sur 10 à pouvoir profiter de leur propre espace personnel et 5 sur 10 à disposer d’un jardin. Toutes ces dispositions sont plus propices à la concentration et à la motivation !
Ces dernières années, les familles aisées se sont éloignées des centres-villes et ont privilégié les milieux péri-urbains. Elles profitent donc du calme d’une vie à la campagne, tout en travaillant dans une métropole. Paradoxalement, les villes comptent les familles les plus pauvres, mais aussi les plus aisées de notre société. Ceci met en lumière des inégalités qui sont surtout liées aux catégories socio-professionnelles des parents.
Le milieu social, source principale des inégalités scolaires
Que ce soit en ville ou en campagne, les résultats scolaires sont équivalents dans tout le pays. Alors, quelle sont les causes des inégalités scolaires ? Selon plusieurs études, le milieu social en est le facteur principal.
Selon l’Observatoire des inégalités, ces disparités sont visibles dès la maternelle et continuent jusqu'aux études supérieures. En effet, 73 % des enfants nés dans des familles de cadres supérieurs ou de professions intermédiaires ont accès à l’enseignement supérieur. Seulement 41 % de ceux nés dans des familles d’ouvriers ou d’employés y parviennent.
En 2021, la France comptait 2,76 millions d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté. Cette précarité financière a un impact direct sur leur réussite scolaire : moins d’accès aux livres, aux outils technologiques, aux activités extrascolaires, etc.
Cette situation favorise malheureusement le décrochage scolaire. Selon la fondation Break Poverty, plus de 40 % d’entre eux viennent d’enfants d’ouvriers contre 4 % pour les enfants de cadres.
Vous souhaitez en savoir plus sur l’impact de la pauvreté sur l’éducation ? Lisez notre article sur la précarité, facteur d’exclusion à la rentrée
Entre ville et campagne, la réalité est, en fin de compte, très contrastée. Ces disparités se retrouvent surtout dans le cadre de vie, l’accès aux infrastructures et les moyens financiers des parents. Afin de lutter contre les inégalités scolaires et permettre à tous les élèves de vivre une rentrée sereine, Dons Solidaires a créé l'opération "Kit Scolaire". Elle distribue chaque année des centaines de milliers de fournitures scolaires dans toute la France grâce à son réseau régional et ses associations partenaires. En 2024, 100 000 enfants issus de familles en difficulté ont pu bénéficier de fournitures neuves et de qualité !
© Dons Solidaires / Entraide & Dignité : distribution de kits scolaires 2025
Pour en savoir plus sur le Kit Scolaire, rendez-vous sur notre page
dédiée !
Un article rédigé par Isabelle Cytowicz, bénévole pour l’association Dons Solidaires
Références :
- INSEE – Scolarité en milieu rural : des élèves plus éloignés de leur établissement, des études plus courtes
- INSEE – Entre ville et campagne, les parcours des enfants qui grandissent en zone rurale
- Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance - Du rural à l’urbain, les variations du milieu social des collégiens selon la densité des communes et la proximité des villes
- Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance - Taille des classes du premier degré : une septième année de baisse consécutive
- Observatoire des inégalités – L’essentiel sur les inégalités d’éducation
- Dons Solidaires – La précarité, facteur d’exclusion à la rentrée scolaire
- Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques – Grandir dans un territoire rural : quelles différences de conditions de vie par rapport aux espaces urbains ?
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