À l’approche des fêtes, décorations illuminées, musiques festives et publicités de jouets installent l’ambiance de Noël. Mais derrière la promesse d’un moment magique, un malaise grandit : celui de ne pas pouvoir offrir. Dans une société où les cadeaux sont devenus un rituel incontournable, leur absence, ou leur modestie peut se transformer en révélateur silencieux de précarité. En France, plusieurs études récentes comme le baromètre Dons Solidaires 2025 « Le renoncement à l’achat de cadeaux de Noël, un marqueur de précarité » montrent que de nombreux foyers redoutent ce moment autant qu’ils l’attendent.
Le cadeau, une tradition et une norme sociale
En France, offrir des cadeaux à Noël n’est pas qu’une tradition familiale : c’est une norme sociale largement intégrée. Selon une étude de Kantar Media, près d’un tiers des Français prévoit d’offrir entre quatre et six cadeaux chaque année, et un autre quart entre deux et trois. Le budget moyen alloué aux cadeaux s’élève à 243 € d’après un autre sondage Havas Market & YouGov (2025). Autrement dit, offrir peu ou rien, ou moins que les autres, ne passe pas inaperçu : on peut le voir, le commenter, le ressentir.
Dans ce contexte, la pression monte. Des enfants qui comparent leurs cadeaux dans les cours de récréation, des adultes qui s’alignent sur les dépenses de leur entourage, ou encore les réseaux sociaux qui exposent des sapins avec des cadeaux XXL, etc. Résultat : ne pas pouvoir suivre le rythme est bien plus qu’une contrainte financière, c’est aussi un malaise social.
Un tiers des Français redoute de ne pas pouvoir offrir
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. D’après le baromètre Dons Solidaires réalisé avec l’IFOP, en 2025, 33 % des Français craignent de ne pas pouvoir offrir de cadeaux à Noël. Pour les parents, la situation se révèle encore plus complexe : plus d’un sur 3 (37%) vont renoncer à acheter tout ou partie des cadeaux à Noël, faute de moyens.
En 2023 déjà, notre baromètre indiquait que plus d’un parent sur deux prévoyait un budget cadeau en baisse, tandis que seuls 41 % estimaient pouvoir offrir les cadeaux désirés.
Ce renoncement ou cette réduction revêt une grande importance. Notre étude parle même d’un marqueur de précarité : quand une famille ne peut plus participer pleinement à ce rituel collectif, cela révèle forcément quelque chose de sa situation.
Des choix douloureux : entre sapin et chauffage
La hausse du prix de l’énergie, des aliments et des loyers s’ajoute aux dépenses de fin d’année. Pour beaucoup, Noël signifie se trouver dans une position délicate, entre faire plaisir et payer les factures. Certaines familles renoncent au sapin, d’autres réduisent le nombre de cadeaux ou privilégient des présents utiles, tels que les vêtements, les produits d’hygiène, ou encore les cartes cadeaux.
Chez les ménages les plus modestes, les ajustements ressortent encore plus. L’IFOP note que 67 % des parents gagnants moins de 1 080 € par mois vont rogner sur d’autres dépenses pour pouvoir offrir des cadeaux à leurs enfants. Et 15% d’entre eux prévoient de rogner sur le budget alimentaire pour y parvenir.
On voit donc émerger différentes approches : des « Secret Santa », ces tirages au sort où l’on offre un seul cadeau pour une personne désignée, des présents faits main, des limites de budget par personne, voire des accords familiaux pour ne rien s’offrir cette année. Autant de compromis entre tradition et réalité.
Pourquoi cela est un marqueur social
Même lorsqu’il n’y a ni jugement explicite ni reproche, le cadeau agit comme un signe qui se voit, se compare, se raconte. Chez les enfants, la question « Qu’est-ce que tu as eu à Noël ? » devient un révélateur d’inégalités familiales. Chez les adultes, offrir moins que ses frères et sœurs, ses collègues ou ses amis peut générer de la honte ou une forme de retrait.
En effet, le cadeau symbolise bien plus que son prix. Il dit : « Je participe. Je pense à toi. Je peux donner. » Ne pas pouvoir donner, ou donner moins, peut être vécu comme une exclusion tacite.
Vers un autre Noël ? Sobriété, solidarité, dignité
Face à ce constat, des alternatives se développent. Le marché de l’occasion explose, les magasins de déstockages font le plein… Et à côté, des initiatives solidaires comme les boîtes de Noël se multiplient dans les écoles, les entreprises et les mairies.
Alors, pour que personne ne soit oublié à Noël, Dons Solidaires lance la 16ème édition de son opération « Noël pour Tous ». L’objectif ? Distribuer des cadeaux* à des personnes dans le besoin partout en France. Enfants placés en foyer, familles en difficulté, personnes isolées ou à la rue… Ensemble, nous pouvons illuminer les fêtes de fin d’années de centaines de milliers de personnes accompagnées par nos associations partenaires.
En 2024, Dons Solidaires a distribué 1,3 million de cadeaux à des personnes en difficulté via 600 partenaires associatifs répartis dans la France entière.
Un grand merci aux entreprises qui ont soutenu l’opération « Noël pour Tous » telles que LEGO,groupe FNAC, Asmodee, Disney, Uni-medias, Megableu, CABAIA, Nuxe, Sephora, Footkorner, Carrefour ou encore Alkor Group.
*La majorité de ces cadeaux provient d’invendus neufs donnés par nos entreprises partenaires, leur offrant ainsi une seconde vie au service de la solidarité.
Sources :
· Kantar Media – Noël : habitudes et comportements d'achats des Français à l'égard des cadeaux
· J’ai un pote dans la com – Étude : les tendances d’achat des Français pour Noël 2025
· Dons Solidaires – 6e baromètre "Le renoncement à l'achat de cadeaux de Noël, un marqueur de précarité" [AI4]
· IFOP – Les achats de cadeaux de « seconde main » au sein de la population française
· Le Monde – Les Français redoublent de créativité pour payer leurs cadeaux de Noël moins cher
Un article rédigé par Isabelle Citowicz, bénévole de Dons Solidaires
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